Durant le mois de mai, j’ai eu l’occasion de partir avec un pilote et son équipe pour assister à la première manche du Drift Masters Grand Prix, le championnat d’Europe de Drift. J’ai passé 6 jours avec Jérôme Vassia et son équipe de passionnés : Sébastien, Gaëtan et Mickaël. Voici le récit de nos aventures en terre autrichienne.

Jeudi 16 mai – 4h00. Le réveil sonne après quelques heures de sommeil chez Mickaël qui m’accueille pour la nuit. Jérôme nous avait dit la veille “Rendez-vous à 4h55, départ à 5h pétante, pas de retard”, le message était clair.

4h57. Nous arrivons au point de rendez-vous chez Jérôme, visiblement les premiers. Sébastien nous rejoint quelques secondes plus tard puis c’est au tour de Gaëtan qui arrive avec la camionnette et la voiture sur un plateau. Nous chargeons les affaires comme nous pouvons avec le coffre rempli de pièces pour la Nissan Silvia PS13 de Jérôme.

5h30. Nous voilà sur la route, l’euphorie du départ laisse vite place au sommeil pour Mickaël tandis que Gaëtan tient le volant. Sébastien décide de lancer un live Facebook, les réactions ne tardent pas et le soutien pour la compétition et la route fait chaud au coeur.

7h30. Un premier café s’impose, nous nous arrêtons sur une aire de repos et nous dégustons des chocolatines ramenées pour l’occasion. La voiture se dévoile au grand jour sur le trajet et nous apercevons les regards des curieux sur la route. Nous en profitons pour allumer la GameCube présente dans le van, de quoi accélérer les 14 heures de voyage qu’il nous reste.

10h30. Après une nouvelle pause, je décide de passer devant, tandis que c’est Jérôme qui prend le volant. Il me raconte son histoire et l’histoire du Drift en France, de ses débuts au Championnat de France en passant par le Challenge Drift. Je découvre encore un peu plus les secrets de la RedTeam, l’équipe organisatrice du championnat.

11h30. Nous arrivons entre Lyon et Grenoble dans le garage Banet Sport. Une BMW E92 de près de 800 chevaux nous attend sur le banc et fait rugir son moteur. Jérôme doit choisir avec quelle voiture il participera à la compétition du week-end. Malheureusement, cette nouvelle voiture n’est pas prête et souffre encore de problèmes électroniques. Le temps de remonter un nouveau turbo sur la Nissan et nous revoilà sur la route, prêt à attaquer les Alpes.

15h. Les estomacs gargouillent. Nous nous arrêtons aux alentours de Grenoble entre les montagnes pour manger un repas équilibré : saucisson et rillettes, la couleur est annoncée. Après un rapide passage à la station essence afin de faire le plein d’éthanol, carburant de notre monture de compétition, nous repartons enfin direction l’Italie. Gaëtan me lance un défi sur Smash Bros Melee, je décide de le relever malgré mon niveau exécrable. Résultat des courses : 4-0 pour Gaëtan, c’est la défaite totale, mais au moins nous sortons des Alpes et passons en Italie.

20h. Les périphériques de Turin et Milan nous ralentissent tour à tour mais globalement les Italiens roulent bien, trop bien parfois. Nous esquivons Venise et prenons la direction de l’Autriche avec un retour dans les montagnes après un passage près des côtes italiennes.

Vendredi 17 mai – 00h. Le sommeil a rattrapé plusieurs d’entres nous mais l’appel du ventre est plus fort. Nous nous arrêtons sur une aire et prenons encore une fois de la nourriture diététique : un gros morceau de jambon cru, deux morceaux de fromage et un saucisson, l’odeur dans la voiture est horrible mais l’ambiance est chaleureuse et nous repartons à toute vitesse vers l’Autriche.

2h30. Dernière pause ravitaillement avant notre point d’arrivée. Une belle Mercedes C63 AMG nous frôle à l’arrêt et se dirige vers le parking de la station. Nous la suivons du regard et petit à petit nous apercevons ce qui ressemble à un convoi d’anciennes sportives. En tant que passionné, nous nous dirigeons avec euphorie vers les voitures et contemplons la finition presque parfaite des voitures.

4h. Nous arrivons finalement au circuit après 23 heures de trajet. Après avoir réveillé tout le paddock en essayant de trouver une place où monter nos tentes, nous tombons sur un irlandais, visiblement très content de nous avoir arriver. Nous posons notre matériel le long de la piste et rapidement, chacun s’endort après ce voyage éprouvant.

8h. Les premiers rayons du soleil traversent nos tentes et les premiers mouvements du paddock nous sortent du lit après quelques heures de sommeil bien méritées. Rapidement, le staff du circuit nous indique que nous ne pouvons pas rester où nous sommes. Nous déménageons rapidement dans un autre coin du paddock, entre un groupe d’espagnol et de danois – respectivement les équipes de Jonathan Hernandez Sanchez et Mikkel Overgaard. Le montage des tentes et du matériel commence. Le petit déjeuner faisant office de pause, nous terminons le montage vers 11h avant de s’attaquer à un des éléments clés du week-end : la douche.

11h30. Avec stupeur, nous découvrons que le circuit dispose d’une seule pièce composée de 4 douches, en gros, une seule douche pour tout le paddock. Heureusement, l’eau est chaude et l’espace libre, nous jubilons. En continuant à explorer les infrastructures du circuit, nous nous arrêtons manger à la buvette du circuit. Une vieille femme nous accueille, mais ne parle pas un mot d’anglais, nous essayons le langage corporel, en vain. Un local arrive à notre secours et nous commande des sandwichs locaux, typiques du pays. Nous partons nous asseoir avec une bonne bière fraîche pendant que, Yvette, appelons là comme ça, nous apporte cette spécialité. Deux minutes plus tard, nous trouvons dans nos assiettes le premier repas chaud depuis 36 heures : des croques-monsieur. La dégustation du plat local devient vite l’avalement d’un bout de pain de mie chaud qui fera l’affaire.

Mickaël sur le circuit de Greinbach

14h. Nous partons découvrir le circuit à pied et prendre quelques clichés avec Sébastien. Le circuit est vallonné, beaucoup plus que dans notre imagination et que sur Assetto Corsa (jeu vidéo) où nous avons pu tester le circuit virtuellement. Le soleil se fraye un chemin entre les nuages, la température est idéale, nous restons sur la piste une bonne heure avant de rentrer à la tente où Gaëtan passe sa journée à fixer les derniers détails de la voiture pour demain. Nous en profitons pour nous balader dans le paddock et discuter avec les pilotes que nous croisons. Les voitures sont alignées, prêtes à arracher le bitume de la piste. Les pilotes sont eux plus décontractés et ouverts à la discussion et à la rigolade, normal, le paddock est vide de spectateur et la compétition ne commence que demain. Entre temps, les mésaventures commencent pour notre voisin espagnol. Celui-ci n’a pas fait le plein d’éthanol en Espagne, carburant nécessaire pour sa BMW E92 toute neuve. En plein désespoir, il part à la recherche de son précieux liquide en Autriche, puis en Italie, puis en Allemagne, sans réussite. Finalement, quelques pilotes acceptes de lui vendre quelques litres pour pouvoir rouler. De l’autre côté, Mikkel Overgaard et son équipe ont déménagé et un groupe de Hongrois s’installe avec une Nissan S13 200SX.

19h. Alors que Gaëtan termine les derniers réglages sur la voiture, nous cherchons un endroit où manger. Cette recherche nous fait découvrir les alentours et notamment une boîte de nuit et un club érotique. La testostérone entre en action mais la raison reprend le dessus, demain nous devons être en forme pour nous qualifier. La soirée se termine en discussion autour d’une bonne bière.

Samedi 18 mai – 8h. La musique qui résonne chez nos voisins nous réveille un par un, de même que les moteurs commencent à chauffer. Sébastien et moi nous préparons pour le briefing des médias, qui a lieu pendant les premiers passages. L’ambiance est calme et sérieuse. Cian, le responsable média du Drift Masters nous présente le tracé et les zones médias. Dès la fin du briefing, tout le monde se rue sur la piste, heureusement, le tracé est grand et chacun peut s’isoler pour shooter.

Jérôme et sa Nissan PS13

10h30. Deux. Ils sont déjà deux concurrents à avoir tapé le mur qui constitue le dernier clip du tracé de Greinbach. Certains l’ont échappé belle en mettant un coup de frein à main au bon moment alors que d’autres frôlent le mur comme si de rien n’était. Le tracé est dur, les pilotes testent leurs limites. Grzegorz Hypki est le premier a tapé les énormes morceaux de béton posés le long de la piste. Sa BMW E30 est abîmée, mais pas détruite. Notre voisin en Nissan S13 est lui plus malchanceux et finit sa course dans le bac à gravier situé après les murs. Pas de chance, la voiture s’empale dans blocs de béton et le train avant est complètement arraché. La course contre la montre pour remonter la voiture commence pour eux.

12h. Fin des essais libres. La Nissan PS13 de Jérôme fonctionne bien, mais le constat tombe : la voiture est lente. Normal pour une voiture qui dispose de moitié moins de puissance que le reste du plateau. Les qualifications s’annoncent compliquées. Après un repas, cette fois-ci plus local, cherché dans un food truck sur le circuit, la préparation pour les derniers essais et les qualifications commencent.

15h. Après les essais en battle et le préshow des qualifications, il est l’heure d’entrer en piste. Jérôme s’élancera dans les premiers, pour deux passages. Les premiers pilotes ouvrent le bal, les notes sont basses mais le spectacle est beau. Axel François s’offre un score moyen, mais dans le top 10 au premier passage, de quoi espérer la qualification. Benjamin Boulbes le suit et termine dans le top 16. C’est au tour de Jérôme. La pression monte, le temps ralentit. Il s’élance, passe la première, la deuxième et … se bloque en quatre. Impossible de changer de vitesse. Le run se passe tant bien que mal mais est un échec, néanmoins pas total. 15. Jérôme obtient un score de 15, autant dire que le seul espoir est que d’autres pilotes fassent un double 0. Et, sans avoir voulu lancer de malchance, les passages à 0 s’enchaînent. Matt Carter, puis Christian Erlandsson, des ténors de la discipline, s’effondrent devant nos yeux. L’espoir renaît pour le deuxième passage des qualifications. Mais le destin peut être cruel, et cette fois, celui-ci est contre nous. Un des commissaires techniques repère une fuite d’essence sur la PS13 nous obligeant à ne pas prendre le départ. Le règlement stipule que si un concurrent ne peut prendre le départ au moment où celui-ci doit se présenter, il est éliminé et ne peut pas se représenter. Dans un souci d’équité, aucune exception n’est possible, notre score restera donc de 15.

18h. Les résultats tombent, nous terminons en 36ème position, à quatre places de la qualification, l’échec fait mal. De retour au stand, nous nous rendons compte que la fuite est due à une consigne des commissaires techniques lors des vérifications. Un quiproquo sur l’utilisation d’un morceau du réservoir nous élimine donc de cette première manche du Drift Masters Grand Prix. Maintenant, la question qui se pose est la suivante : partir et rentrer plus tôt à la maison, ou profiter du spectacle des battles. Réponse rapide, nous commençons à ranger nos affaires, pour pouvoir partir plus tôt le lendemain dès la fin de la compétition.

Juha Pöytälaakso et sa BMW M3 E92 facelifté avec un avant de M4

22h. Après un rangement rapide et efficace et un apéro bien mérité, nous cherchons un lieu pour se restaurer. Yvette nous refusant dans son restaurant, il ne restait qu’une solution facile et rapide : le McDo. Nous y retrouvons nos voisins espagnols qui rigolent fort et se font remarquer. Nous rencontrons une française qui travaille et fait ses études non loin de là, puis nous repartons en faisait mine de laisser Mickael sur place.

00h. Plus d’eau chaude, il n’y a plus d’eau chaude dans les douches. Pour oublier la douleur de l’eau froide sur mon dos, j’imagine la compétition de demain, les battles de folie qui nous attendent et le trajet du retour, mon lit m’est nostalgique. Gaëtan voulant sa dose d’aventure et de calme prend sa tente et part s’installer au fond du circuit, au ras de la forêt, pour dormir. Le silence s’installe doucement sur le paddock.

07h. Le réveil est dur, mais j’ai du travail. Trier les premières photos et vidéos, préparer quelques publications pour les réseaux sociaux, je ne chôme pas. Le reste de l’équipe profite d’un repos bien mérité. Gaëtan arrive avec sa tente et son sourire m’indique que sa nuit a été bonne et tranquille dans son coin de forêt. Les autres membres de l’équipe s’éveillent un à un en même temps que le paddock s’anime.

09h. Le public arrive en masse sur le petit circuit de Greinbach. L’enceinte du circuit est délimitée par la forêt avoisinante et sa forme en cercle permet d’avoir un point de vue idéal de n’importe quel endroit. Je profite de l’heure pour aller tourner quelques plans dans les zones spectateurs avant que celles-ci ne soient prises d’assaut. Je me faufile avec mon appareil entre les enfants, femmes et hommes qui semblent apprécier les entraînements des battles. Des groupes d’amis, des familles, des couples et même quelques solitaires sont déjà présents en masse sur les abords du circuit. Le Drift Masters et plus particulièrement la discipline semble rassembler au sein d’une même passion, peu importe l’âge et la nationalité. Les regards remplis d’étoiles des plus jeunes me rappellent moi à leur âge, en face d’une piste avec des voitures encore inconnues emmenées par des passionnés qui faisaient découvrir le Drift au grand public. Aujourd’hui, ce sport continue de faire naître des passions pour les sports mécaniques et j’en suis le premier le plus fier. Regardez, admirez, contemplez, ces 32 gladiateurs sont prêts à tout donner, prêts à tout sacrifier en piste pour une seule chose : leur passion du sport automobile. Mon tour terminé, je retourne sur la piste. Là aussi, les photographes et le staff sont concentrés, prêts à délivrer le meilleur d’eux mêmes pour que l’événement soit un succès et que l’on en garde de somptueux souvenirs à travers les années. La séance se termine lorsque Juha Pöytälaakso détruit son moteur et délivre toute son huile sur la piste vers 12h. La tension monte et nous avons désormais un concurrent en moins pour le top 32 qui arrive.

James Deane et Michal Reichert lors du Top 32

14h. Ça y est. Le moment que chacun a attendu avec impatience est sur le point de commencer. Jack Shanahan et Paul Smith finisse de chauffer leurs pneumatiques alors que le silence s’abat dans les tribunes. Les deux voitures pointent le bout de leur nez au dessus de la startline. Le feu passe au rouge, les pilotes se jettent un dernier regard et le levé de pouce de ceux-ci indique qu’ils sont prêts. Prêts à tout pour gagner. Dans un calme incroyable, tous les yeux sont braqués sur la ligne de départ et le temps semble ralentir.

Feu vert. Les moteurs grondent, les pneus accrochent le bitume et les deux Toyota GT86 du grand frère Shanahan et de Smith démarrent dans un tonnerre d’applaudissement du public. Appel, contre-appel, nous y sommes. La première battle a démarré. Toutes les actions en piste se transforment, les pilotes survolent la piste, leur voiture semblent flotter et la coordination est parfaite, l’art du Drift renaît sous nos yeux. Shanahan élimine Smith, la tension redescend un instant, mais il est déjà l’heure de la battle suivante : Duane Mckeever, l’Irlandais survolté contre Axel François, le Français déchaîné. Les deux pilotes se lancent à l’assaut du circuit, François tente de rester dans la portière de Mckeever mais celui-ci est définitivement trop rapide. L’Irlandais élimine le Frenchy et ses espoirs de gloire sur cette première manche. Sur le chemin du retour au paddock, il passe sous nos applaudissements et félicitations. Nous apercevons son sourire jusqu’aux oreilles.

Les battles suivantes s’enchaînent rapidement, Rintanen prenant le dessus sur Baggsy, Cirba sur Romanowski, Korpulinski sur Boulbes, Deane sur Reichert, Zakouril sur Kuncic. Quelques One-More-Time (OMT) viennent allonger le top 32, pour le plus grand plaisir des fans et des photographes.

Steve « Baggsy » Biagioni et Juha Pöytälaakso avant que son moteur n’explose

16h. La parade du top 16 commence. Les qualifiés du top 32 défilent un à un sur le circuit avec l’ovation du public. Ceux-ci sont interviewés un à un sur le live en direct à travers le monde. Les yeux sont rivés sur ses champions, dont la seule mission pendant la parade est de décompresser avant de repartir à la guerre. À peine la parade terminée, les deux premières voitures se positionnent sur la ligne de départ. Shanahan contre Mckeever. Ce dernier, encore trop rapide, remporte l’ouverture du top 16. Rintanen, Cirba, E.Hountondji, Kvia, Zalewski, Deane et Zakouril accèdent au top 8, non sans avoir échappé au pire durant les OMT. Le timing ne laisse aucune place à l’attente pour le public et le top 8 enchaîne directement après l’annonce du vainqueur de la dernière battle du top 16. Mckeever renvoie au paddock Rintanen, Cirba passe le frère Hountondji restant, Zalewski élimine Tor Arne Kvia pourtant deuxième des qualifications et Deane laisse sur le carreau le champion en titre du King of Europe Zakouril.

Le spectacle est fou, les voitures se touchent presque, la fumée devient brouillard et l’ambiance devient pesante alors qu’il reste quatre concurrents pour la victoire. Mckeever affronte Cirba. Les deux voitures s’élancent. La fusée irlandaise prend le large et Cirba ne comble pas son retard, l’avantage se dessine clairement pour Mckeever. Run retour. Le Lituanien met de l’angle et de la vitesse, mais il y a une voiture dans sa portière, un véritable missile qui ne lâchera rien avant la victoire. Les juges délibèrent, mais le public sait. Mckeever est le premier concurrent à entrer en finale. Zalewski et Deane sont maintenant sur la startline. La machine fait le travail habituel et permet aux Irlandais de détenir la finale en Autriche. Pour la troisième place, Cirba et Zalewski s’attaque l’un l’autre, mais sans la même passion que durant les battles précédentes. La défaite doit être amer pour n’importe quel pilote. Zalewski est déclaré vainqueur alors que la BMW M3 E92 de James Deane et la Nissan 180SX de Duane Mckeever avance devant le startliner.

Benediktas Cirba et Elias Hountondji lors du Top 8

Le public retient son souffle, le circuit est silencieux, même le speaker, jusque-là très actif au micro profite d’un moment de répis avant la battle qui s’annonce comme la plus intense du week-end. Feu vert. Les portières se touchent au déclenchement, la foule s’exclame pendant que les pneus hurlent et se désintègrent. Deane prend de l’avance avant la première épingle mais dans la zone de décélération, Mckeever arrive en trombe, laisse partir l’arrière et réussi le dive (entrée dans un virage en glisse avec l’arrière de la voiture avant le nez) du week-end. Le public est fou. Nous avons sûrement devant nous les deux meilleurs pilotes de Drift de la planète et ceux-ci ont l’air de s’amuser en se poussant l’un l’autre au-delà de leurs limites. Run retour. Mckeever est leader, Deane suiveur. Au déclenchement, la Nissan prend le cap et une petite longueur d’avance. Même la machine ne peut pas suivre, Mckeever est trop rapide, trop puissant, trop fort. Le champion en titre est malmené jusqu’à la fin du passage.

Le run se termine. Les juges annoncent avoir un résultat, ce qui indique que les concurrents peuvent placer leur voiture devant le public pour déclarer le vainqueur de ce premier round.

Tout le monde retient son souffle, la décision semble imminente mais le moment s’éternise pour les pilotes et la foule. Qui a gagné ? Qui sera considéré comme le meilleur pilote européen avant la prochaine manche ?

18h. Alors en direct devant des milliers de téléspectateurs et devant d’autres milliers de fans venus sur place, Duane Mckeever est déclaré vainqueur de la première manche du Drift Masters European Championship. L’Irlandais éclate de joie, saute dans les bras de son compatriote Deane et savoure cette victoire amplement méritée. Après l’annonce sur la piste, les pilotes, les médias et le public se rendent au podium officiel. Les vainqueurs y sont célébrés, le champagne coulent à flot et les applaudissements assourdissent le paddock de Greinbach.

Pour nous, il est temps de prendre la route, seize heures de route se dressent devant nous. Il est temps de s’y attaquer et d’enfin retrouver mon lit.

22h. Les premiers ronflements se font entendre dans le van. La première pause nous permet de refaire le plein de fromage et de saucisson avant de revenir en France. Nos yeux deviennent à nouveau vite lourds et le sommeil s’empare de nous.

De nombreuses aventures nous attendèrent durant ce voyage retour, qui durera 36 heures au total. Mais chacun est rentré chez lui en un seul morceau et avec des étoiles plein les yeux de ce superbe événement. Le Formula Drift n’a rien à envier au Drift Masters Grand Prix. Nos pilotes européens nous ont offert un spectacle inouïe et c’est la seule chose que je retiendrais de ces quelques jours en vadrouille.

Greinbach, tu resteras à jamais dans l’histoire. Ce jour où la Machine s’est inclinée et où Duane Mckeever devint le pilote à battre dans le monde. Éliminant tour à tour les champions des autres nations, l’Irlandais s’est bâti une réputation, un mythe. Qui pourra le vaincre ? Peut-être aurons nous une réponse en France pour la deuxième manche du Drift Masters European Championship ….